Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/164

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— C’est cela ; entrez-y, regardez-le et dites-moi la vérité sur lui.

— Oh ! il est malade, bien malade : on lui a coupé la jambe.

— En vérité ? dit Balsamo.

— Oui.

— Et l’opération a-t-elle bien réussi ?

— À merveille ; mais…

La figure du malade s’assombrit.

— Mais… ? reprit Balsamo.

— Mais, continua le malade, il a une terrible épreuve à passer : la fièvre.

— Et quand viendra-t-elle ?

— Ce soir, à sept heures.

Tous les assistants se regardèrent :

— Et cette fièvre ? demanda Balsamo.

— Oh ! elle le rendra bien malade ; il surmontera cependant ce premier accès.

— Vous en êtes sûr ?

— Oh ! oui.

— Mais, après ce premier accès, sera-t-il sauvé ?

— Hélas ! non, dit le blessé en soupirant.

— La fièvre reviendra donc ?

— Oh ! oui, et plus terrible que jamais ; pauvre Havard, continua-t-il, pauvre Havard, il a une femme et des enfants.

Et ses yeux se remplirent de larmes.

— Sa femme doit-elle donc être veuve, et ses enfants doivent-ils donc être orphelins ? demanda Balsamo.

— Attendez ! attendez !

Il joignit les mains.

— Non, non, dit-il.

Son visage s’éclaira d’une foi sublime.

— Non, sa femme et ses enfants ont tant prié qu’ils ont obtenu grâce pour lui devant Dieu.

— Alors, il guérira.

— Oui.