Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/167

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— Mais, monsieur, dit le chirurgien hésitant à prendre la bague que lui offrait Balsamo, s’il ne guérit point ?

— Il guérira !

— Encore faut-il que je vous en donne un reçu.

— Monsieur !…

— Ce n’est qu’à cette condition que je prendrai un bijou d’une pareille valeur.

— Faites comme il vous plaira, monsieur.

— Votre nom, s’il vous plaît ?

— Le comte de Fœnix.

Le chirurgien passa dans la chambre voisine, tandis que Marat, anéanti, confondu, mais luttant encore contre l’évidence, se rapprochait de Balsamo.

Au bout de cinq minutes le chirurgien rentra, tenant à la main un papier qu’il remit à Balsamo.

C’était un reçu conçu en ces termes :

« J’ai reçu de M. le comte de Fœnix un diamant qu’il a déclaré lui-même être d’une valeur de vingt mille livres, pour le prix en être remis au nommé Havard, le jour où il sortira de l’Hôtel-Dieu.

GUILLOTIN, D. M. »

« Ce 15 septembre 1771. »

Balsamo salua le docteur, prit le reçu et sortit suivi de Marat.

— Vous oubliez votre tête, dit Balsamo, pour lequel la distraction du jeune élève en chirurgie était un triomphe.

— Ah ! c’est vrai, dit celui-ci.

Et il ramassa son funèbre fardeau.

Une fois dans la rue, tous deux marchèrent fort vite et sans se dire un seul mot ; puis, arrivés à la rue des Cordeliers, ils remontèrent ensemble le rude escalier qui conduisait à la mansarde.

Devant la loge de la portière, si toutefois le trou qu’elle habitait mérite le nom de loge, Marat, qui n’avait pas oublié