Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/174

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— Que désirez-vous ?

— Je désire savoir des nouvelles de ma montre, dit Marat ; vous vous en doutez bien.

— Ah ! dame ! ça, je ne peux pas dire ce qu’elle est devenue. Je l’ai vue hier toute la journée, pendue à son clou, à la cheminée.

— Vous vous trompez, toute la journée elle a été dans mon gousset ; seulement, à six heures du soir, comme je sortais, comme j’allais au milieu d’une grande foule, comme je craignais qu’on me la volât, je l’ai mise sous le chandelier.

— Si vous l’avez mise sous le chandelier, elle doit y être encore.

Et la portière, avec une bonhomie feinte qu’elle ne se doutait pas être si puissamment révélatrice, alla lever justement, des deux chandeliers qui ornaient la cheminée, celui sous lequel Marat avait caché sa montre.

— Oui, voilà bien le chandelier, dit le jeune homme, mais la montre ?

— Non, en vérité, elle n’y est plus. Est-ce que vous ne l’aviez pas mise là, monsieur Marat ?

— Mais, lorsque je vous dis… 

— Cherchez bien.

— Oh ! j’ai cherché, dit Marat avec un regard courroucé.

— Vous l’aurez perdue, alors.

— Mais je vous dis qu’hier, moi-même, je l’ai mise là, sous ce chandelier.

— Quelqu’un alors sera entré ici, dit dame Grivette ; vous recevez tant de gens, tant d’inconnus !

— Prétexte ! prétexte ! s’écria Marat, s’emportant de plus en plus ; vous savez bien que personne n’est entré depuis hier. Non, non, ma montre a pris le chemin qu’a pris la pomme d’argent de ma dernière canne, qu’a pris cette petite cuiller d’argent que vous savez, qu’a pris mon couteau à six lames ! On me vole, dame Grivette, on me vole. J’ai supporté bien des choses, mais je ne supporterai pas celle-là ; prenez-y garde !

— Mais, monsieur, dit dame Grivette, est-ce que vous m’accusez, par hasard ?