Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/195

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république ; mais, quant à faire des avances de courtisan, quant à faire frotter mon habit neuf contre les paillettes de ces messieurs de l’Œil-de-Bœuf, non, non ! je n’en ferai rien, et si vous m’y prenez, raillez-moi tout à l’aise.

— Ainsi, vous ne vous habillez pas, dit Thérèse ironiquement.

— Non.

— Vous ne mettrez pas votre perruque neuve ?

— Non.

— Vous ne clignerez pas vos petits yeux ?

— Je vous dis que j’irai là comme un homme libre, sans affectation et sans peur ; j’irai à la cour comme j’irais au théâtre, et que les comédiens me trouvent bien ou mal, je m’en moque.

— Oh ! vous ferez bien au moins votre barbe, dit Thérèse, elle est longue d’un demi-pied.

— Je vous dis que je ne changerai rien à ma tenue.

Thérèse se mit à rire si bruyamment que Rousseau en fut étourdi et passa dans l’autre chambre.

La ménagère n’était pas au bout de ses persécutions ; elle en avait de toutes couleurs et de toute étoffe.

Elle tira de l’armoire les habits de cérémonie, le linge frais et les souliers cirés à l’œuf, avec un soin minutieux. Elle vint étaler toutes ces belles choses sur le lit et sur les chaises de Rousseau.

Mais celui-ci ne parut pas y prêter la moindre attention.

Thérèse lui dit alors :

— Voyons, il est temps que vous vous habilliez… C’est long, une toilette de cour… Vous n’aurez plus le loisir d’aller à Versailles pour l’heure indiquée.

— Je vous ai dit, Thérèse, répliqua Rousseau, que je me trouvais bien ainsi. C’est le costume avec lequel je me présente journellement devant mes concitoyens.

— Allons, allons, dit Thérèse pour le tenter et l’amener par insinuation à sa volonté, ne vous butez pas, Jacques, et ne faites pas une sottise… Vos habits sont là… votre rasoir est