Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Prenez garde au feu, répliqua Rousseau, ne touchez pas à mes papiers.

— Vous avez l’air d’un mouchard, je vous assure, dit Thérèse au désespoir.

Rousseau ne répliqua rien ; il descendait les degrés en chantonnant, et, en profitant de l’obscurité, il brossait son chapeau avec sa manche, secouait son jabot de toile avec sa main gauche, et s’improvisait une rapide mais intelligente toilette.

En bas, il affronta la boue de la rue Plâtrière, mais sur la pointe de ses souliers, et gagna les Champs-Élysées, où stationnaient ces honnêtes voitures que par purisme nous nommerons des pataches, et qui voituraient ou plutôt assommaient encore il y a douze ans, de Paris à Versailles, les voyageurs réduits à l’économie.


CX

LES COULISSES DE TRIANON.


Les circonstances du voyage sont indifférentes. Nécessairement Rousseau dut faire la route avec un Suisse, un commis aux aides, un bourgeois et un abbé.

Il arriva vers cinq heures et demie du soir. Déjà la cour était rassemblée à Trianon ; l’on préludait en attendant le roi, car, pour l’auteur, il n’en était pas question le moins du monde.

Certaines personnes savaient bien que M. Rousseau, de Genève, viendrait diriger la répétition, mais il n’était pas plus intéressant de voir M. Rousseau que M. Rameau, ou M. Marmontel, ou toute autre de ces bêtes curieuses, dont les gens de cour se payaient la vue dans leur salon ou dans leur petite maison.

Rousseau fut reçu par l’officier de service, à qui M. de