Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/213

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Gilbert, car c’était lui, et le lecteur l’a déjà reconnu, répliqua fièrement :

— Vous le voyez, je regarde.

— Au lieu de faire ton ouvrage, dit Richelieu.

— Mon ouvrage est fini, dit humblement Gilbert au duc, sans daigner regarder Taverney.

— Je trouverai donc ce fainéant partout ! dit Taverney.

— Là ! là ! monsieur, interrompit une voix, doucement. Mon petit Gilbert est un bon travailleur et un botaniste très appliqué.

Taverney se retourna et vit M. de Jussieu qui caressait les joues de Gilbert.

Il rougit de colère et s’éloigna.

— Les valets ici ! murmura-t-il.

— Chut ! lui dit Richelieu, Nicole y est bien… regarde… au coin de cette porte, là-haut… La petite égrillarde ! elle ne perd pas non plus une œillade.

En effet, Nicole, derrière vingt autres domestiques de Trianon, levait par-dessus sa tête charmante, et ses yeux, dilatés par la surprise et l’admiration, semblaient tout voir en double.

Gilbert l’aperçut et tourna d’un autre côté.

— Viens, viens, dit le duc à Taverney, j’ai l’idée que le roi veut te parler… il cherche.

Et les deux amis s’éloignèrent dans la direction de la loge du roi.

Madame du Barry, tout debout, correspondait avec M. d’Aiguillon, debout aussi. Celui-ci ne perdait de vue aucun mouvement de son oncle.

Rousseau, demeuré seul, admirait Andrée ; il était occupé, si l’on veut nous passer cette expression, à en devenir amoureux.

Les illustres acteurs allaient se déshabiller dans leurs loges, où Gilbert avait renouvelé les fleurs.

Taverney, resté seul dans le couloir, depuis que M. de Richelieu était allé retrouver le roi, sentait son cœur transi et