Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/219

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par énigmes. Pourquoi donner ce collier, si ce n’est pour le donner ? pourquoi t’en charger, si ce n’est pour que tu le remettes ?

Richelieu poussa un grand cri, comme s’il apercevait une araignée.

— Ah ! fit-il, pouah ! pouah ! le Huron… fi ! la vilaine bête !

— Qui cela donc ?

— Mais toi, mon bon ami ; toi, mon féal… Tu tombes de la lune, mon pauvre baron.

— Je ne sais plus…

— Non, tu ne sais rien. Mon cher, quand un roi fait un présent à une femme, et qu’il charge M. de Richelieu de cette commission, le présent est noble et la commission bien faite, rappelle-toi cela… Je ne remets pas les écrins, mon cher ; c’était la charge de M. Lebel. As-tu connu M. Lebel ?

— Qui donc charges-tu alors ?

— Mon ami, dit Richelieu en frappant l’épaule de Taverney et en accompagnant ce geste amical d’un sourire diabolique, lorsque j’ai affaire à une aussi admirable vertu que mademoiselle Andrée, je suis moral comme pas un ; lorsque j’approche une colombe, comme tu dis, rien en moi ne sent le corbeau ; lorsque je suis député vers une demoiselle, je parle au père… Je te parle, Taverney, et te remets l’écrin pour que tu le donnes à ta fille… Maintenant, veux-tu ?…

Il tendit l’écrin.

— Ou ne veux-tu pas ?

Il retira sa main.

— Oh ! mais, mais, s’écria le baron, dis donc cela tout de suite ; dis que c’est moi qui suis chargé par Sa Majesté de remettre ce présent : il est tout légitime et devient tout paternel, il s’épure…

— Il faudrait pour cela que tu soupçonnasses Sa Majesté de mauvaises intentions, dit Richelieu sérieusement. Or, tu ne l’oserais, n’est-ce pas ?

— Dieu m’en préserve ! Mais le monde… c’est-à-dire ma fille…

Richelieu haussa les épaules.