Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/251

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— Sachez donc que les perles seules valent cinquante mille livres.

Andrée joignit les mains.

— Monsieur, dit-elle, il est étrange que Sa Majesté me fasse à moi un pareil présent ; réfléchissez-y.

— Je ne vous comprends pas, mademoiselle, dit Taverney d’un ton sec.

— Si je porte ces pierreries, je vous assure, monsieur, que le monde s’en étonnera.

— Pourquoi ? dit Taverney du même ton, avec un regard impérieux et froid qui fit baisser celui de sa fille…

— Un scrupule.

— Mademoiselle, il est plus étrange, vous m’avouerez, de vous voir des scrupules là où moi je n’en vois pas. Vivent les jeunes filles candides pour savoir le mal et l’apercevoir, si bien caché qu’il soit, alors que nul ne l’avait remarqué ! Vive la jeune fille naïve et vierge pour faire rougir les vieux grenadiers comme moi !

Andrée cacha sa confusion dans ses deux belles mains nacrées.

— Oh ! mon frère, murmura-t-elle tout bas, pourquoi es-tu déjà si loin ?

Taverney entendit-il ce mot ? le devina-t-il avec cette merveilleuse perspicacité que nous lui connaissons ? On ne saurait le dire ; mais il changea de ton à l’instant même, et, prenant les deux mains d’Andrée :

— Voyons, enfant, dit-il, est-ce que votre père n’est pas un peu votre ami ?

Un doux sourire se fit jour à travers les ombres dont le beau front d’Andrée était couvert.

— Est-ce que je ne suis pas là pour vous aimer, pour vous conseiller ? est-ce que vous ne vous sentez pas fière de contribuer à la fortune de votre frère et à la mienne ?

— Oh ! si, dit Andrée.

Le baron concentra sur sa fille un regard tout embrasé de caresses.