Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/269

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Nicole s’inclina comme les villageoises des opéras-comiques de M. Rousseau.

Sur quoi, le maréchal prit congé du père et de la fille, échangea avec Taverney un regard significatif, fit une révérence de jeune homme à Andrée, et sortit.

Si le lecteur veut nous le permettre, nous laisserons le baron et Andrée causer de la nouvelle faveur accordée à Philippe, et nous suivrons le maréchal. Ce nous sera un moyen de savoir ce qu’il était allé faire rue Saint-Claude, où il avait pris pied, on se le rappelle, dans un si terrible moment.

D’ailleurs, la morale du baron enchérissait encore sur celle de son ami le maréchal, et pourrait bien effaroucher les oreilles qui, moins pures que celles d’Andrée, y comprendraient quelque chose.

Richelieu descendit donc l’escalier en s’appuyant sur l’épaule de Nicole, et, dès qu’il fut dans le parterre avec elle :

— Ah çà ! petite, dit-il en s’arrêtant et en la regardant en face, nous avons donc un amant ?

— Moi, monsieur le maréchal ? s’écria Nicole toute rougissante et en faisant un pas en arrière.

— Hein ! fit celui-ci, n’es-tu point Nicole Legay, par hasard ?

— Si fait, monsieur le maréchal.

— Eh bien, Nicole Legay a un amant.

— Oh ! par exemple !

— Oui, ma foi, un certain drôle assez bien tourné, qu’elle recevait rue Coq-Héron, et qui l’a suivie aux environs de Versailles.

— Monsieur le duc, je vous jure…

— Une sorte d’exempt qu’on appelle… Veux-tu que je te dise, petite, comment on appelle l’amant de mademoiselle Nicole Legay ?

Le dernier espoir de Nicole était que le maréchal ignorât le nom de ce bienheureux mortel.

— Ma foi, dites, monsieur le maréchal, fit-elle, puisque vous êtes en train.

— Qui s’appelle M. de Beausire, répéta le maréchal, et qui, en vérité, ne dément pas trop son nom.