Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/274

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— Ah ! ah ! dit Nicole, qui déjà, comprenant que le maréchal avait besoin d’elle, ne le craignait plus, et dont l’ingénieuse cervelle fonctionnait pour découvrir la vérité au milieu des détours dont, par habitude, l’enveloppait son interlocuteur ; que ferai-je donc pour moi, monsieur le duc ?

— Voici : M. de Beausire vient à sept heures et demie ?

— Oui, monsieur le maréchal, c’est son heure.

— Il est sept heures dix minutes.

— C’est encore vrai.

— Si je veux, il sera pris.

— Oui, mais vous ne voulez pas.

— Non : tu iras le trouver et tu lui diras…

— Je lui dirai ?…

— Mais, d’abord, l’aimes-tu, ce garçon, Nicole ?

— Puisque je lui donne des rendez-vous…

— Ce n’est pas une raison ; tu peux vouloir l’épouser : les femmes ont de si étranges caprices ! Nicole partit d’un éclat de rire.

— Moi, l’épouser ! dit-elle. Ah ! ah ! ah !

Richelieu demeura stupéfait ; il n’avait pas, même à la cour, rencontré beaucoup de femmes de cette force-là.

— Eh bien, soit, tu ne veux pas épouser ; mais tu aimes alors : tant mieux.

— Soit. J’aime M. de Beausire, mettons cela, monseigneur, et passons.

— Peste ! quelle enjambeuse !

— Sans doute. Vous comprenez, ce qui m’intéresse…

— Eh bien ?

— C’est de savoir ce qui me reste à faire.

— Nous disons d’abord que puisque tu l’aimes, tu fuiras avec lui.

— Dame ! si vous le voulez absolument, il faudra bien.

— Oh ! oh ! je ne veux rien, moi, un moment, petite.

Nicole vit qu’elle allait trop vite, et qu’elle ne tenait encore ni le secret, ni l’argent de son rude antagoniste.

Elle plia donc, sauf plus tard à se relever.

— Monseigneur, dit-elle, j’attends vos ordres.