Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/282

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— Dans deux heures comme dans dix minutes, je suis à vos ordres, tendre amie.

— Bien ! prenez cinquante louis. — La jeune fille compta cinquante louis et les passa par la grille à M. de Beausire, lequel, sans les compter, lui, les engouffra dans la poche de sa veste — ; et dans une heure et demie, continua-t-elle, soyez ici avec un carrosse.

— Mais…, objecta Beausire.

— Oh ! si vous ne voulez pas, prenons que rien n’est convenu entre nous, et rendez-moi mes cinquante louis.

— Je ne recule pas, chère Nicole ; seulement, je crains l’avenir.

— Pour qui ?

— Pour vous.

— Pour moi ?

— Oui. Les cinquante louis disparus, et ils finiront par disparaître, vous allez vous trouver à plaindre, vous allez regretter Trianon, vous allez…

— Oh ! comme vous êtes délicat, cher monsieur de Beausire ; allons, allons, ne craignez rien, je ne suis pas de ces femmes que l’on rend malheureuses, moi ; n’ayez donc pas de scrupule : d’ailleurs, après ces cinquante louis nous verrons.

Et Nicole fit sonner les cinquante autres restés dans la bourse.

Les yeux de Beausire étaient phosphorescents.

— Pour vous, dit-il, je me jetterais dans un four brûlant.

— Oh ! là ! là ! on ne vous demande pas tant, monsieur de Beausire ; ainsi, c’est convenu, dans une heure et demie le carrosse, dans deux heures la fuite.

— C’est convenu, s’écria Beausire en saisissant la main de Nicole et en l’attirant pour la baiser à travers la grille.

— Silence donc, dit Nicole, êtes-vous fou ?…

— Non, je suis amoureux.

— Hum ! fit Nicole.

— Vous ne me croyez pas, cher cœur ?

— Si fait, je vous crois. Ayez de bons chevaux surtout.