Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/283

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— Oh ! oui.

Ils se séparèrent.

Mais au bout d’une seconde, Beausire se retourna tout effaré.

— Psit ! psit ! fit-il.

— Eh bien, quoi ? demanda Nicole d’assez loin déjà et voilant sa bouche avec sa main, afin de faire porter sans explosion sa voix à la distance voulue.

— Et la grille, demanda Beausire, vous passerez donc par-dessus ?

— Il est stupide, murmura Nicole, qui en ce moment n’était qu’à dix pas de Gilbert.

Puis plus haut :

— J’ai la clef, dit-elle.

Beausire poussa un ah ! plein d’admiration et s’enfuit pour tout de bon cette fois.

Nicole s’en revint, tête baissée et jambes alertes, près de sa maîtresse. Gilbert, demeuré seul, se posa les quatre questions suivantes :

« Pourquoi Nicole s’enfuit-elle avec Beausire qu’elle n’aime pas ?

« Pourquoi Nicole a-t-elle en sa possession une si forte somme d’argent ?

« Pourquoi Nicole a-t-elle la clé de la grille ?

Pourquoi Nicole, pouvant fuir tout de suite, retourne-t-elle auprès d’Andrée ? »

Gilbert trouvait bien une réponse à cette question : « Pourquoi Nicole a-t-elle de l’argent ? » Mais il n’en trouvait pas aux autres.

Aussi, à cette négation de sa perspicacité, sa curiosité naturelle ou sa défiance acquise, comme on voudra, fut-elle si puissamment surexcitée, qu’il décida de passer, si froide qu’elle fût, la nuit en plein air, sous les arbres humides, pour attendre le dénouement de cette scène dont il venait de voir le commencement.

Andrée avait reconduit son père jusqu’aux barrières du grand Trianon. Elle revenait seule et pensive, quand Nicole