Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

s’insurger, c’est une répétition du fouet de Louis XIV ; ils sont flagellés, duc, ils le sont !

— Expliquez-moi…

— Mais cela s’explique de soi par la haine des parlements pour l’auteur de ces persécutions.

— Ah ! vous croyez que…

— J’en suis certain, comme toute la France… C’est égal, duc, vous avez merveilleusement bien fait de le faire venir comme cela tout au chaud.

— Qui ?… mais, qui donc, vicomte ? Je suis sur les épines, je ne comprends pas un mot de ce que vous me dites.

— Mais, je vous parle de M. d’Aiguillon, de votre neveu.

— Eh bien, après ?

— Eh bien, je vous dis que vous avez bien fait de le faire venir.

—Ah ! très bien ! très bien ! Il m’aidera, voulez-vous dire ?

— Il nous aidera tous… Vous savez qu’il est au mieux avec Jeannette ?

— Bon ! vraiment ?

— Au mieux. Ils ont causé déjà et s’entendent à merveille, je parie.

— Vous savez cela ?

— C’est bien facile. Jeannette est la plus paresseuse dormeuse qui soit.

— Ah ! oui…

— Et elle ne quitte pas le lit avant neuf, dix ou onze heures.

— Oui ; eh bien ?

— Eh bien, ce matin, à Luciennes, il était six heures au plus, j’ai vu partir la chaise de d’Aiguillon.

— À six heures ? s’écria Richelieu en souriant.

— Oui.

— Du matin, ce matin ?

— Du matin, ce matin. Vous jugez que, pour être si matineuse que d’avoir donné audience à pareille heure, Jeannette doit être folle de votre neveu.