Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/304

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à laquelle concoururent sans doute tous les divins atomes animés par Dieu, maître et seigneur de toutes choses, Balsamo, les dents serrées encore, les poings crispés, rendit les rênes à Djérid, mais sans lui faire sentir cette fois ni le genou, ni l’éperon.

On eût dit que Balsamo voulait se convaincre lui-même.

Alors le noble coursier marcha paisiblement, selon la permission tacite que lui donnait son maître, posant avec cette délicatesse particulière de sa race un pied presque silencieux, tant il était léger, sur le pavé de la route.

Balsamo, d’ailleurs, pendant tout ce temps qui à des regards superficiels eût paru perdu, Balsamo combinait tout un plan de défense ; il l’achevait au moment où Djérid touchait le pavé de Sèvres.

Arrivé en face de la grille du parc, il s’arrêta et regarda autour de lui ; on eût dit qu’il attendait quelqu’un.

En effet, presque aussitôt un homme se détacha de dessous une porte cochère et vint à lui.

— Est-ce toi, Fritz ? demanda Balsamo.

— Oui, maître.

— T’es-tu informé ?

— Oui.

— Madame du Barry est-elle à Paris ou à Luciennes ?

— Elle est à Paris.

Balsamo leva un regard triomphant vers le ciel.

— Comment es-tu venu ?

— Avec Sultan.

— Où est-il ?

— Dans la cour de cette auberge.

— Tout sellé ?

— Tout sellé.

— C’est bien, tiens-toi prêt.

Fritz alla détacher Sultan. C’était un de ces braves chevaux allemands, de bon caractère, qui murmurent bien un peu dans les marches forcées, mais qui ne vont pas moins tant qu’il reste du souffle dans leurs flancs, et de l’éperon au talon de leur maître.