Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/305

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Fritz revint vers Balsamo.

Celui-ci écrivait sous la lanterne que MM. les commis du pied fourché tenaient allumée toute la nuit pour les opérations fiscales.

— Retourne à Paris, dit-il, et remets, quelque part qu’elle soit, ce billet à madame du Barry en personne, dit Balsamo ; tu as une demi-heure pour cela, après quoi tu retourneras rue Saint-Claude, où tu attendras la signora Lorenza, qui ne peut manquer de rentrer ; tu la laisseras passer sans lui rien dire, et sans lui apporter le moindre obstacle : va, et rappelle-toi surtout que dans une demi-heure ta commission doit être faite.

— C’est bien, dit Fritz ; elle le sera.

Et en même temps qu’il faisait à Balsamo cette réponse rassurante, il attaquait de l’éperon et du fouet Sultan qui partit, étonné de cette agression inaccoutumée, en poussant un hennissement douloureux.

Pour Balsamo, se remettant peu à peu, il prit la route de Paris, où il entra trois quarts d’heure après, presque frais de visage, et l’œil calme, ou plutôt pensif.

C’est que Balsamo avait raison : si rapide que fût Djérid, ce fils hennissant du désert, Djérid était en retard, et sa volonté seule pouvait marcher aussi vite que Lorenza échappée de sa prison.

De la rue Saint-Claude, elle avait gagné le boulevard, et, tournant à droite, elle aperçut bientôt les remparts de la Bastille ; mais Lorenza, toujours enfermée, ignorait Paris : d’ailleurs son premier but était de fuir la maison maudite dans laquelle elle ne voyait qu’un cachot ; sa vengeance venait en second.

Elle venait donc de s’engager dans le faubourg Saint-Antoine, toute troublée, toute pressée, lorsqu’elle fut accostée par un jeune homme qui la suivait depuis quelques minutes avec étonnement.

En effet, Lorenza, italienne des environs de Rome, ayant presque toujours vécu d’une vie exceptionnelle, en dehors de toutes les habitudes de la mode, de tous les costumes et de tous les usages de l’époque, Lorenza s’habillait plutôt comme