Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/307

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Le jeune homme commença à réfléchir.

Cette femme jeune et belle qui, sous un costume étranger, à huit heures du soir, courait les rues de Paris tenant une cassette sous son bras et demandant l’hôtel du lieutenant de police auquel elle tournait le dos, lui parut suspecte.

— Ah ! diable ! fit-il, l’hôtel de M. le lieutenant de police, ce n’est point par ici.

— Où est-ce ?

— Dans le faubourg Saint-Germain.

— Et par où va-t-on au faubourg Saint-Germain ?

— Par ici, madame, répondit le jeune homme, calme quoique poli toujours ; et, si vous le voulez, à la première voiture que nous rencontrerons…

— Oui, c’est cela, une voiture, vous avez raison.

Le jeune homme ramena Lorenza sur le boulevard, et ayant rencontré un fiacre, il l’appela.

Le cocher vint à l’appel.

— Où faut-il vous conduire, madame ? demanda-t-il.

— À l’hôtel de M. de Sartine, dit le jeune homme.

Et, par un reste de politesse, ou plutôt d’étonnement, ouvrant la portière, il salua Lorenza, et après l’avoir aidée à monter, il la regarda s’éloigner comme on fait en rêve d’une vision.

Le cocher, plein de respect pour le nom terrible, fouetta ses chevaux et partit dans la direction indiquée.

Ce fut alors que Lorenza traversa la Place-Royale, ce fut alors qu’Andrée, dans son sommeil magnétique, l’ayant vue et entendue, la dénonça à Balsamo.

En vingt minutes Lorenza fut à la porte de l’hôtel.

— Faut-il vous attendre, ma belle dame ? demanda le cocher.

— Oui, répondit machinalement Lorenza.

Et légère, elle s’engouffra sous le portail du splendide hôtel.