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CXXIII

L'HÔTEL DE M. DE SARTINES.


Une fois dans la cour, Lorenza se vit entourée de tout un monde d’exempts et de soldats.

Elle s’adressa au garde-française qui se trouva le plus proche d’elle, et le pria de la conduire au lieutenant de police ; ce garde la renvoya au suisse, qui, voyant cette femme si belle, si étrange, si richement vêtue et tenant sous son bras un magnifique coffret, reconnut que la visite pourrait n’être pas oiseuse, et la fit monter par un grand escalier jusqu’à une antichambre, où tout venant, sur la sagace inquisition de ce suisse, pouvait à toute heure du jour et de la nuit apporter à M. de Sartines un éclaircissement, une dénonciation ou une requête.

Il va sans dire que les deux premières classes de visiteurs étaient plus favorablement accueillies que la dernière.

Lorenza, questionnée par un huissier, ne répondit rien, sinon que ces mots :

— Êtes-vous M. de Sartines ?

L’huissier fut fort étonné que l’on pût confondre son habit noir et sa chaîne d’acier avec l’habit brodé et la perruque nuageuse du lieutenant de police ; mais, comme un lieutenant ne se fâche jamais d’être appelé capitaine, comme il reconnut un accent étranger dans les paroles de cette femme, comme son œil ferme et assuré n’était pas celui d’une folle, il fut convaincu que la visiteuse apportait quelque chose d’important dans ce coffret, qu’elle serrait avec tant de soin et de force sous son bras.

Cependant, comme M. de Sartines était un homme prudent et ombrageux, comme quelques pièges lui avaient déjà été