Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/309

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tendus avec des appâts non moins attrayants que ceux de la belle Italienne, on faisait autour de lui bonne garde.

Lorenza subit donc les investigations, les interrogatoires et les soupçons d’une demi-douzaine de secrétaires et de valets.

Le résultat de toutes ces demandes et de toutes ces réponses fut que M. de Sartine n’était point rentré et qu’il fallait que Lorenza attendît.

Alors, la jeune femme se renferma dans un sombre silence, et laissa errer les yeux sur les murailles nues de la vaste antichambre.

Enfin, le bruit d’une sonnette retentit ; une voiture roula dans la cour, et un second huissier vint annoncer à Lorenza que M. de Sartine l’attendait.

Lorenza se leva et traversa deux salles pleines de gens à figures suspectes et à costumes encore plus étranges que le sien ; enfin, elle fut introduite dans un grand cabinet de forme octogone, éclairé par une quantité de bougies.

Un homme de cinquante à cinquante-cinq ans, en robe de chambre, coiffé d’une perruque énorme, toute moelleuse de poudre et de frisure travaillait assis devant un meuble de forme haute, dont la partie supérieure, semblable à une armoire, était fermée de deux panneaux de glaces, dans lesquelles le travailleur voyait sans se déranger ceux qui pénétraient dans son cabinet, et pouvait étudier leur visage avant qu’ils eussent eu le temps de le composer sur le sien.

La partie inférieure de ce meuble formait secrétaire ; une quantité de tiroirs en bois de rose le garnissaient au fond ; chacun des tiroirs fermait par la combinaison des lettres de l’alphabet. M. de Sartine enserrait là les papiers et les chiffres que nul de son vivant ne pouvait lire, car le meuble s’ouvrait pour lui seul, et que nul après sa mort n’eût pu déchiffrer, à moins que, dans quelque tiroir plus secret encore que les autres, il n’eût trouvé le secret du chiffre.

Ce secrétaire, ou plutôt cette armoire, sous les glaces de sa partie supérieure, renfermait douze tiroirs également clos par un mécanisme invisible ; ce meuble, construit exprès par le