— Ma foi, oui… ma foi, oui, vicomte.
Et Richelieu répondait tout cela en se promenant avec agitation autour de son fauteuil ; il cherchait et ne trouvait pas.
— Ah ! comtesse, murmurait-il, vous me le paierez !…
— Maréchal, dit Jean avec finesse, nous allons réaliser à nous quatre ce fameux faisceau de l’antiquité ; vous savez, celui qu’on ne pouvait rompre.
— À nous quatre ? Cher monsieur Jean, comment comprenez-vous cela ?
— Ma sœur la puissance, d’Aiguillon l’autorité, vous le conseil, moi la surveillance.
— Très bien ! Très bien !
— Et de cette façon, qu’on vienne un peu entamer ma sœur ! Je défie tout et tous.
— Pardieu ! fit Richelieu dont le cerveau bouillait.
— Qu’on oppose des rivales à présent ! s’écria Jean ivre de ses plans et de ses idées triomphales.
— Oh ! dit Richelieu en se frappant le front.
— Quoi donc, cher maréchal ? que vous prend-il ?
— Rien, je trouve votre idée de ligue admirable.
— N’est-ce pas ?
— Et j’entre avec les pieds et les mains dans votre opinion.
— Bravo !
— Est-ce que Taverney demeure à Trianon avec sa fille ?
— Non, il demeure à Paris.
— Elle est très belle, cette fille, cher vicomte.
— Fût-elle belle comme Cléopâtre ou comme… ma sœur, je ne la crains plus… dès que nous sommes ligués.
— Vous dites que Taverney demeure à Paris, rue Saint-Honoré, je crois ?
— Je n’ai pas dit rue Saint-Honoré, c’est rue Coq-Héron qu’il demeure. Est-ce que vous avez une idée, par hasard, pour châtier le Taverney ?
— Je crois que oui, vicomte, je crois que j’ai une idée.