Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/50

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son front ; quoique ses deux yeux fussent ouverts, c’était par la poitrine et le front qu’elle voyait pendant son sommeil.

— Oh ! dit-elle, c’est une illustre tête que celle à qui on les a dérobés.

— N’est-ce pas ?… Une tête heureuse ? Dis !

— Elle peut l’être…

— Cherche bien, Lorenza.

— Oui, elle peut l’être ; il n’y a pas d’ombre encore sur sa vie.

— Cependant elle est mariée ?

— Oh ! fit Lorenza avec un doux sourire.

— Eh bien, quoi ? et que veut dire ma Lorenza ?

— Elle est mariée, cher Balsamo, ajouta la jeune femme, et cependant…

— Et cependant ?…

— Et cependant…

Lorenza sourit encore.

— Moi aussi je suis mariée, dit-elle.

— Sans doute.

— Et cependant…

Balsamo regarda Lorenza avec un profond étonnement ; malgré le sommeil de la jeune femme, une pudibonde rougeur s’étendait sur son visage.

— Et cependant ? répéta Balsamo. Achève.

Elle jeta ses bras autour du cou de Balsamo et cachant sa tête dans sa poitrine :

— Et cependant je suis vierge, dit-elle.

— Et cette femme, cette princesse, cette reine, s’écria Balsamo, toute mariée qu’elle est ?…

— Cette femme, cette princesse, cette reine, répéta Lorenza, elle est aussi pure et aussi vierge que moi ; plus pure, plus vierge même, car elle n’aime pas comme moi.

— Oh ! fatalité ! murmura Balsamo. Merci, Lorenza, je sais tout ce que je voulais savoir.

Il l’embrassa, serra précieusement les cheveux dans sa poche ; et, coupant à Lorenza une petite mèche de ses cheveux