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XCIII

M. DE RICHELIEU APPRÉCIE NICOLE.


M. de Richelieu s’en allait droit au petit hôtel de M. de Taverney, rue Coq-Héron.

Grâce au privilège que nous possédons de compte à demi avec le diable boiteux, et qui nous donne la facilité de pénétrer dans chaque maison fermée, nous savons avant M. de Richelieu que le baron, devant sa cheminée, les pieds sur d’immenses chenets sous lesquels se mourait un débris de tison, sermonnait Nicole en lui prenant parfois le menton, malgré les petites moues rebelles et dédaigneuses de la jeune fille.

Nicole se fût-elle accommodée de la caresse sans le sermon, ou bien eût-elle préféré le sermon sans la caresse, voilà ce que nous n’oserions affirmer.

La conversation roulait entre le maître et la servante sur le point important, c’est-à-dire que jamais, à de certaines heures du soir, Nicole n’arrivait exactement au coup de sonnette, qu’elle avait toujours quelque chose à faire dans le jardin ou dans la serre, et que, partout ailleurs qu’en ces deux endroits, elle faisait mal son service.

À quoi Nicole, se tournant et se retournant avec une grâce toute charmante et toute voluptueuse, répondait :

— Tant pis !… moi, je m’ennuie ici : on m’avait promis que j’irais à Trianon avec mademoiselle !

C’était là-dessus que M. de Taverney avait cru devoir charitablement lui caresser les joues et le menton, sans doute pour la distraire.

Nicole, poursuivant son thème et repoussant toute consolation, déplorait son malheureux sort.

— C’est vrai ! gémissait-elle, je suis entre quatre vilains