Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

rapprochant d’un air assez mécontent les deux beaux sourcils noirs qu’elle devait à la générosité de M. Rafté.

— Mon père a besoin de vous à Paris, et moi je n’ai aucun besoin de vous ici… Vous pouvez donc retourner, mon enfant.

— Oh ! mais, dit Nicole, mademoiselle n’a guère d’attache… Je croyais avoir plu bien davantage à mademoiselle… Aimez donc, ajouta philosophiquement Nicole, pour qu’on vous le rende de la sorte !

Et ses beaux yeux firent tous leurs efforts pour attirer une larme à leurs paupières.

Il y avait assez de cœur et de sensibilité dans le reproche pour exciter la compassion d’Andrée.

— Mon enfant, dit-elle, ici, l’on me sert, et je ne puis me permettre de surcharger la maison de madame la dauphine d’une bouche de plus.

— Bon ! comme si cette bouche était bien grande ! dit Nicole avec un charmant sourire.

— Il n’importe, Nicole, ta présence ici est impossible.

— À cause de cette ressemblance ? dit la jeune fille. Vous n’avez donc pas regardé ma figure, mademoiselle ?

— En effet, tu me parais changée.

— Je le crois bien ; un beau seigneur, celui qui a fait donner un grade à M. Philippe, est venu chez nous hier, et, comme il a vu M. le baron triste de vous laisser ici sans femme de chambre, il lui a conté que rien n’était plus facile que de me changer du blanc au noir. II m’a emmenée, m’a fait coiffer comme vous voyez ; et me voici.

Andrée sourit.

— Tu m’aimes donc bien, dit-elle, que tu veux à tout prix t’enfermer à Trianon, où je suis presque prisonnière ?

Nicole jeta un rapide, mais intelligent regard autour d’elle.

— Cette chambre n’est pas gaie, dit-elle, mais vous n’y restez pas toujours ?

— Moi, sans doute, répliqua Andrée ; mais toi ?

— Eh bien, moi ?

— Toi qui n’iras pas dans le salon, près de madame la