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XCVI

LES PARLEMENTS.


Tandis que toutes ces intrigues subalternes, couvées et écloses sous les tilleuls et dans les fleurs de Trianon, composaient une existence animée aux cirons de ce petit monde, les grandes intrigues de la ville, tempêtes menaçantes, ouvraient leurs vastes ailes au-dessus du palais de Thémis, comme l’écrivait mythologiquement monsieur Jean du Barry à sa sœur.

Les parlements, reste dégénéré de l’ancienne opposition française, avaient repris haleine sous la main capricieuse de Louis XV ; mais depuis que leur protecteur, M. de Choiseul, était tombé, ils sentaient le danger s’approcher d’eux et s’apprêtaient à le conjurer par des mesures aussi énergiques que la circonstance le permettait.

Toute grande commotion générale s’embrase pour une question personnelle, comme les grandes batailles de corps armés débutent par les engagements des tirailleurs isolés.

Depuis que M. de La Chalotais, prenant au corps M. d’Aiguillon, avait personnifié la lutte du tiers contre la féodalité, l’esprit public s’en tenait là et ne souffrait pas que la question fût déplacée.

Or, le roi, que le parlement de Bretagne et de la France entière avait noyé sous un déluge de représentations plus ou moins soumises et filiales, le roi venait, grâce à madame du Barry, de donner raison contre le tiers parti à la féodalité, en nommant M. d’Aiguillon au commandement de ses chevau-légers.

M. Jean du Barry l’avait formulé avec exactitude : c’était un rude soufflet sur la joue des amés et féaux conseillers tenant cour de parlement.