Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/83

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Rafté poussa le maréchal dans le cabinet, et s’avança souriant à la rencontre de cet homme.

— Ah ! c’est vous, maître Flageot ! dit-il ; enchanté de votre visite.

— Votre serviteur, monsieur de Rafté ; eh bien, l’affaire est faite.

— C’est imprimé ?

— Et tiré à cinq mille. Les premières épreuves courent déjà la ville, les autres sèchent.

— Quel malheur ! cher monsieur Flageot, quel désespoir pour la famille de M. le maréchal !

M. Flageot, pour se dispenser de répondre, c’est-à-dire de mentir, tira une large boîte d’argent, où il puisa lentement une prise de tabac d’Espagne.

— Et ensuite que fait-on ? continua Rafté.

— La forme, cher monsieur de Rafté. MM. les commissaires, sûrs du tirage et de la distribution, monteront immédiatement dans le carrosse, qui les attend à la porte de l’imprimerie, et s’en iront signifier l’arrêt à M. le duc d’Aiguillon, qui justement, voyez le bonheur, c’est-à-dire le malheur, monsieur Rafté, se trouve en son hôtel à Paris, où l’on va pouvoir parler à sa personne.

Raflé fit un brusque mouvement pour atteindre sur un meuble un énorme sac de procédure qu’il remit à maître Flageot en lui disant :

— Voici les pièces dont je vous ai parlé, monsieur ; monseigneur le maréchal a la plus grande confiance en vos lumières et vous abandonne cette affaire, qui doit être avantageuse pour vous. Merci de vos bons offices dans le déplorable conflit de M. d’Aiguillon avec le tout-puissant parlement de Paris, merci de vos bons avis !

Et il poussa doucement, mais avec une certaine hâte vers la porte de l’antichambre, maître Flageot, ravi du poids de son dossier.

Aussitôt, délivrant le maréchal de sa prison :

— Allons, monsieur, dit-il, en voiture ! vous n’avez pas