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de temps à perdre, si vous voulez assister à la représentation. Tâchez que vos chevaux marchent plus vite que ceux de MM. les commissaires.


XCVII

OU IL EST DÉMONTRÉ QUE LE CHEMIN DU MINISTÈRE N'EST PAS SEMÉ DE ROSES.


Les chevaux de M. de Richelieu marchaient plus vite que ceux de MM. les commissaires, puisque le maréchal entra le premier dans la cour de l’hôtel d’Aiguillon.

Le duc n’attendait plus son oncle, et se préparait à repartir pour Luciennes, afin d’annoncer à madame du Barry que l’ennemi s’était démasqué ; mais l’huissier, annonçant le maréchal, réveilla du fond de sa torpeur cet esprit découragé.

Le duc courut au-devant de son oncle, et lui prit les mains avec une affectation de tendresse mesurée à la peur qu’il avait eue.

Le maréchal s’abandonna comme le duc : le tableau fut touchant. On voyait cependant M. d’Aiguillon hâter le moment des explications, tandis que le maréchal le reculait de son mieux en regardant, soit un tableau, soit un bronze, soit une tapisserie, et en se plaignant d’une fatigue mortelle.

Le duc coupa la retraite à son oncle, l’enferma dans un fauteuil comme M. de Villars avait enfermé le prince Eugène dans Marchiennes, et, pour attaque :

— Mon oncle, lui dit-il, est-il vrai que vous, l’homme le plus spirituel de France, vous m’ayez jugé assez mal pour croire que je ne ferais pas de l’égoïsme à nous deux ?

Il n’y avait plus à reculer. Richelieu prit son parti.

— Que me dis-tu là, répliqua-t-il, et en quoi vois-tu que je t’aie bien ou mal jugé, mon cher ?

— Mon oncle, vous me boudez.