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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/85

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— Moi ! à quel propos ?

— Oh ! pas de ces faux-fuyants, monsieur le maréchal ; vous m’évitez lorsque j’ai besoin de vous, c’est tout dire.

— D’honneur, je ne comprends pas.

— Je vais vous expliquer alors. Le roi n’a pas voulu vous nommer ministre, et, comme j’ai accepté, moi, les chevau-légers, vous supposez que je vous ai abandonné, trahi. Cette chère comtesse, qui vous porte dans son cœur…

Ici, Richelieu prêta l’oreille, mais ce ne fut pas seulement aux paroles de son neveu.

— Tu me dis qu’elle me porte dans son cœur, cette chère comtesse ? ajouta-l-il.

— Et je le prouverai.

— Mais, mon cher, je ne le conteste pas… Je te fais venir pour pousser avec moi à la roue. Tu es plus jeune, par conséquent plus fort ; tu réussis, j’échoue ; c’est dans l’ordre, et, par ma foi, je ne devine pas pourquoi tu prends tous ces scrupules ; si tu as agi dans mes intérêts, tu es cent fois approuvé ; si tu as agi contre moi, eh bien, je te rendrai ta gourmade… Cela mérite-t-il qu’on s’explique ?

— Mon oncle, en vérité…

— Tu es un enfant, duc. Ta position est magnifique : pair de France, duc, commandant les chevau-légers, ministre dans six semaines, tu dois être au-dessus de toute futile mesquinerie ; le succès absout, mon cher enfant. Suppose… ― j’aime les apologues, moi… ― suppose que nous soyons les deux mulets de la fable… Mais, qu’est-ce que j’entends par là ?

— Rien, mon oncle, continuez.

— Si fait, j’entends un carrosse dans la cour.

— Mon oncle, ne vous interrompez pas, je vous prie ; votre conversation m’intéresse par-dessus toute chose ; moi aussi, j’aime les apologues.

— Eh bien, mon cher, je voulais te dire que jamais, dans la prospérité, tu ne trouveras en face le reproche et n’auras à craindre le dépit des envieux ; mais, si tu cloches, si tu buttes… ah ! diable, prends garde, c’est à ce moment que le loup attaque ; mais, vois-tu, je te disais bien, il y a du bruit dans