Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/86

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ton antichambre, on vient sans doute t’apporter le portefeuille… La petite comtesse aura travaillé pour toi dans l’alcôve.

L’huissier entra.

— MM. les commissaires du parlement, dit-il avec inquiétude.

— Tiens ! fit Richelieu.

— Des commissaires du parlement ici ?… Que me veut-on ? répondit le duc, peu rassuré par le sourire de son oncle.

— De par le roi ! articula une voix sonore au bout de l’antichambre.

— Oh ! oh ! s’écria Richelieu.

M. d’Aiguillon se leva tout pâle, et vint au seuil du salon introduire lui-même les deux commissaires, derrière lesquels apparaissaient deux huissiers impassibles, puis, à distance, une légion de valets épouvantés.

— Que me veut-on ? demanda le duc d’une voix émue.

— C’est à M. le duc d’Aiguillon que nous avons l’honneur de parler ? dit l’un des commissaires.

— Je suis le duc d’Aiguillon, oui, messieurs.

Aussitôt le commissaire, saluant profondément, tira de sa ceinture un acte en bonne forme dont il donna lecture à haute et intelligible voix.

C’était l’arrêt circonstancié, détaillé, complet, qui déclarait le duc d’Aiguillon gravement inculpé et prévenu de soupçons, même de faits qui entachaient son honneur, et le suspendait de ses fonctions de pair du royaume.

Le duc entendit cette lecture comme un homme foudroyé entend le bruit du tonnerre. Il ne remua pas plus qu’une statue sur son piédestal, et n’avança pas même la main pour prendre la copie de l’arrêt que lui offrait le commissaire du parlement.

Ce fut le maréchal qui, debout aussi, mais alerte et ingambe, prit ce papier, le lut et rendit le salut à MM. les conseillers.

Ceux-ci étaient déjà loin que le duc d’Aiguillon demeurait encore dans la même stupeur.