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XCIX

OU LE LECTEUR RETROUVERA UNE DE SES ANCIENNES CONNAISSANCES QU'IL CROYAIT PERDUE, ET QUE PEUT-ÊTRE IL NE REGRETTAIT PAS.


Le lecteur nous demandera sans doute pourquoi maître Flageot, qui va jouer un si majestueux rôle, était appelé procureur au lieu d’avocat ; le lecteur ayant raison, nous ferons droit à sa requête.

Les vacances étaient depuis quelque temps réitérées au parlement, et les avocats parlaient si peu que ce n’était pas la peine d’en parler.

Maître Flageot, prévoyant le moment où on ne plaiderait pas du tout, fit quelques arrangements avec maître Guildou, le procureur, qui lui céda son étude et sa clientèle moyennant la somme de vingt-cinq mille livres une fois données. Voilà comment maître Flageot se trouve être procureur. Que si on nous demande maintenant comment il paya les vingt-cinq mille livres, nous répondrons que ce fut en épousant mademoiselle Marguerite, à qui cette somme échut en héritage vers l’année 1770, trois mois avant l’exil de M. de Choiseul.

Maître Flageot depuis longtemps s’était fait remarquer par sa persévérance à tenir le parti de l’opposition. Une fois procureur, il redoubla de violence, et grâce à cette violence gagna quelque célébrité. Ce fut cette célébrité, jointe à la publication d’un mémoire incendiaire sur le conflit de M. d’Aiguillon avec M. de La Chalotais, qui attira l’attention de M. Rafté, lequel avait besoin de se tenir au courant des affaires du parlement.

Mais, malgré sa dignité nouvelle et son importance croissante, maître Flageot ne quitta pas la rue du Petit-Lion-Saint-Sauveur. Il eût été trop cruel à mademoiselle Marguerite de