Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/199

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— Parlez ! parlez ! continua le comte d’un ton de plus en plus impératif.

— Oh ! quel bonheur ! il se trouble… il s’arrête… il me regarde… il a peur… il fuit… Andrée est sauvée !

Philippe aspirait, haletant, chaque parole qui sortait de la bouche de sa sœur,

— Sauvée ! Andrée est sauvée ! répéta-t-il machinalement.

— Attends, mon frère, attends !

Et la jeune fille, comme pour se soutenir, cherchait l’appui du bras de Philippe.

— Après ? après ? demanda Philippe.

— J’avais oublié.

— Quoi ?

— Là, là, dans le cabinet de Nicole, un couteau à la main.

— Un couteau à la main ?

— Je le vois, il est pâle comme la mort.

— Qui ?

— Gilbert.

Philippe retenait son haleine.

— Il suit le roi, continua Andrée ; il ferme la porte derrière lui ; il met le pied sur la bougie qui brûlait le tapis ; il s’avance vers moi. Oh ! ,

La jeune fille se dressa dans les bras de son frère. Chaque muscle de son corps raidit, comme s’il eut été près de se rompre.

— Oh ! le misérable ! dit-elle enfin.

Et elle retomba sans force.

— Mon Dieu ! dit Philippe n’osant interrompre.

— C’est lui ! c’est lui ! murmura la jeune fille.

Puis se dressant jusqu’à l’oreille de son frère, l’œil étincelant et la voix frémissante :

— Tu le tueras, n’est-ce pas, Philippe ?

— Ah ! oui, s’écria le jeune homme en bondissant.

Et il rencontra derrière lui un guéridon chargé de porcelaines qu’il renversa. Les porcelaines se brisèrent.

Au bruit de cette chute se mêla un bruit sourd et une commotion soudaine