Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/200

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des cloisons, puis un cri d’Andrée qui domina le tout.

— Qu’est cela ? dit Balsamo, une porte s’est ouverte.

— Nous écoutait-on ? s’écria Philippe en mettant l’épée à la main.

— C’était lui, dit Andrée ; encore lui.

— Mais qui donc, lui ?

— Gilbert, Gilbert, toujours. Ah ! tu le tueras, n’est-ce pas, Philippe, tu le tueras ?

— Oh ! oui, oui, oui ! s’écria le jeune homme.

Et il s’élança dans l’antichambre, l’épée à la main, tandis qu’Andrée était retombée sur le sofa.

Balsamo s’élança après le jeune homme et le retint par le bras.

— Prenez garde, monsieur, dit-il, ce qui est secret deviendrait public ; il fait jour et l’écho des maisons royales est bruyant.

— Oh ! Gilbert, Gilbert, murmurait Philippe ; et il était caché là, il nous entendait ; je pouvais le tuer. Oh ! malheur sur le misérable !

— Oui, mais silence ; vous retrouverez ce jeune homme ; c’est de votre sœur qu’il faut vous occuper, monsieur. Vous le voyez, elle commence à être fatiguée de tant d’émotions.

— Oh ! oui, je comprends ce qu’elle souffre par ce que je souffre moi-même ; ce malheur est si affreux, si peu réparable ! Oh ! monsieur, monsieur, j’en mourrai !

— Vous vivrez pour elle, au contraire, chevalier ; car elle a besoin de vous, n’ayant que vous : aimez-la, plaignez-la, conservez-la… Et maintenant, continua-t-il après quelques secondes de silence, vous n’avez plus besoin de moi, n’est-ce pas ? dit—il.

— Non, monsieur ; pardonnez-moi mes soupçons, pardonnez-moi mes offenses ; et cependant tout le mal vient de vous, monsieur.

— Je ne m’excuse point, chevalier, mais vous oubliez ce qu’a dit votre sœur… ?

— Qu’a-t-elle dit ? ma tête se perd.