— Vous êtes le capitaine de l’Adonis, monsieur ? dit Gilbert aussitôt.
— Oui, monsieur.
— C’est bien à vous alors qu’est adressé ce papier ?
Il tendit au capitaine le billet de Balsamo.
À peine eut-il vu l’écriture, que le capitaine se leva et dit précipitamment à Gilbert avec un sourire plein d’affabilité.
— Ah ! vous aussi ?… Si jeune ? Bien ! bien !
Gilbert se contenta de s’incliner.
— Vous allez ?… dit-il.
— En Amérique.
— Vous partez ?…
— Quand vous partirez vous-même.
— Bien. Dans huit jours, alors.
— Que ferai-je pendant tout ce temps, capitaine ?
— Avez-vous un passeport ?
— Non.
— Alors, vous allez ce soir même revenir à bord, après vous être promené toute la journée hors de la ville, à Sainte-Adresse, par exemple. Ne parlez à personne.
— Il faut que je mange ; je n’ai plus d’argent.
— Vous allez dîner ici ; vous souperez ce soir.
— Et après ?
— Une fois embarqué, vous ne retournerez plus à terre ; vous demeurerez caché ici ; vous partirez sans avoir revu le ciel… Une fois en mer, à vingt lieues, alors, libre tant que vous voudrez.
— Bien.
— Faites donc aujourd’hui tout ce qu’il vous reste à faire.
— J’ai une lettre à écrire.
— Écrivez-la…
— Où ?
— Sur cette table… Voici plume, encre et papier ; la poste est au faubourg, le mousse vous conduira.
— Merci, capitaine !
Gilbert, demeuré seul, écrivit une courte lettre sur laquelle il mit cette suscription :