Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Au son de cette voix, l’inconnu leva précipitamment la tête, et s’apprêtait à répondre, montrant à découvert son visage dans la pénombre azurée de la grotte.

Mais Philippe, poussant tout à coup un cri d’horreur, fit un bond en arrière.

L’inconnu, de son côté, jeta un cri d’effroi et recula.

— Gilbert !

— Philippe !

Ces deux mots éclatèrent en même temps, comme un tonnerre souterrain.

Puis on n’entendit plus que le bruit d’une sorte de lutte. Philippe avait serré de ses deux mains le cou de son ennemi, et l’attirait au fond de la caverne.

Gilbert se laissait traîner sans proférer une seule plainte. Adossé aux roches de l’enceinte, il ne pouvait plus reculer.

— Misérable ! je te tiens, enfin !… rugit Philippe. Dieu te livre à moi… Dieu est juste !

Gilbert était livide et ne faisait pas un geste ; il laissa tomber ses deux bras à ses côtés.

— Oh ! lâche et scélérat, dit Philippe ; il n’a pas même l’instinct de la bête féroce qui se défend.

Mais Gilbert répondit d’une voix pleine de douceur :

— Me défendre ! Pourquoi ?

— C’est vrai, tu sais bien que tu es en mon pouvoir, tu sais bien que tu as mérité le plus horrible châtiment. Tous tes crimes sont avérés. Tu as avili une femme par la honte, et tu l’as tuée par l’inhumanité. C’était peu pour toi de souiller une vierge, tu as voulu assassiner une mère !

Gilbert ne répondit rien. Philippe, qui s’enivrait insensiblement an feu de sa propre colère, porta de nouveau sur Gilbert des mains furieuses. Le jeune homme ne résista point.

— Tu n’es donc pas un homme ? dit Philippe en le secouant avec rage, tu n’en as donc que le visage ?… Quoi ! pas même de résistance !… Mais je t’étrangle, tu vois bien, résiste donc ! défends-toi donc… lâche ! lâche ! assassin !

Gilbert sentit les doigts acérés de son ennemi pénétrer dans sa gorge ; il se redressa, se raidit, et, vigoureux comme un