Page:Dumas - La Dernière Année de Marie Dorval, 1855.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je demandai à Merle une lettre pour un personnage tout-puissant ; je vainquis ma répugnance, je me présentai moi-même chez lui ; j’eus toutes sortes de promesses pour ces deux misérables cents francs.

Le lendemain, je finissais par où j’eusse dû commencer : je mettais ma décoration du Nisham en gage, et je les avais.

Le 20 mai, je crois, les funérailles eurent lieu. Qui y était ? qui les a vues ? qui se les rappelle, ces funérailles si tristes, où tous les cœurs étaient si brisés que personne ne prit la parole ?

Camille Doucet seul, ne voulant pas que cette ombre triste et voilée descendît au plus profond de la mort sans un mot d’adieu, prononça quelques paroles sur la tombe.

Je n’ai vu de deuil, de silence et de tristesse pareils qu’au convoi de madame de Girardin.

On me poussa pour parler ; outre que je ne sais parler ni dans un dîner ni sur une tombe, j’ai, — dans ce dernier cas, et surtout plus je regrette sincèrement le trépassé, — j’ai l’idiotisme des larmes.

Je m’avançai, j’ouvris la bouche, mes sanglots m’étouffèrent.