lieues à pied, sur une route légèrement saupoudrée de neige durcie.
— Où vas-tu comme cela, citoyen, avec tes belles bottes ? dit un agent au jeune homme.
— Je vais à Paris, citoyen.
— Tu n’es pas dégoûté, jeune Prussien, répliqua le sectionnaire, en prononçant cette épithète de Prussien avec une prodigalité d’s qui fit accourir dix curieux autour du voyageur.
Les Prussiens n’étaient pas à ce moment de moins grands ennemis pour la France que les Philistins pour les compatriotes de Samson l’Israélite.
— Eh bien ! oui, je suis pruzien, répondit Hoffmann, en changeant les cinq s du sectionnaire en un z ; après ?
— Alors, si tu es Prussien, tu es bien en même temps un petit espion de Pitt et Cobourg, hein ?
— Lisez mes passeports, répondit Hoffmann en exhibant son volume à l’un des lettrés de la barrière.
— Viens, répliqua celui-ci en tournant les talons pour emmener l’étranger au corps de garde.
Hoffmann suivit ce guide avec une tranquillité parfaite.
Quand, à la lueur des chandelles fumeuses, les patriotes virent ce jeune homme nerveux, l’œil ferme, les cheveux mal ordonnés, hachant son français avec le plus de conscience possible, l’un d’eux s’écria :
— Il ne se niera pas aristocrate, celui-là ; a-t-il des mains et des pieds !
— Vous êtes un bête, citoyen, répondit Hoffmann ; je