Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/143

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tabatière m’avait étonné tout d’abord, car c’est un ornement rare sur une boîte à tabac.

— En effet, je crois que c’est la seule qu’on ait faite, répliqua l’inconnu d’une voix métallique, et dont les sons imitaient assez le bruit des pièces d’argent qu’on empile les unes sur les autres ; elle me vient d’héritiers reconnaissans dont j’avais soigné le père.

— Vous êtes médecin ?

— Oui, monsieur.

— Et vous aviez guéri le père de ces jeunes gens ?

— Au contraire, monsieur, nous avons eu le malheur de le perdre.

— Je m’explique le mot reconnaissance.

Le médecin se mit à rire.

Ses réponses ne l’empêchaient pas de fredonner toujours, et, tout en fredonnant :

— Oui, reprit-il, je crois bien que j’ai tué ce vieillard.

— Comment tué ?

— J’ai fait sur lui l’essai d’un remède nouveau. Oh ! mon Dieu ! au bout d’une heure il était mort. C’est vraiment fort drôle.

Et il se remit à chantonner.

— Vous paraissez aimer la musique, monsieur ? demanda Hoffmann.

— Celle-ci surtout ; oui, monsieur.

— Diable ! pensa Hoffmann, voilà un homme qui se trompe en musique comme en médecine.

En ce moment on leva la toile.

L’étrange docteur huma une prise de tabac, et s’adossa le plus commodément possible dans sa stalle, comme un