Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/145

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— Et vous, monsieur, vous n’assistiez pas à cette exécution tantôt ? reprit Hoffmann, qui se sentait pris d’une irrésistible besoin de parler de la pauvre créature dont l’image sanglante ne le quittait pas.

— Non. Était-elle maigrie ?

— Qui ?

— La comtesse.

— Je ne puis vous le dire, monsieur.

— Pourquoi cela ?

— Parce que je l’ai vue pour la première fois sur la charrette.

— Tant pis. J’aurais voulu le savoir, car, moi je l’avais connue très grasse ; mais demain j’irai voir son corps. Ah ! tenez, regardez cela.

Et en même temps le médecin montrait la scène où, en ce moment, monsieur Vestris, qui jouait le rôle de Pâris, apparaissait sur le mont Ida, et faisait toutes sortes de marivaudages avec la nymphe Œnone.

Hoffmann regarda ce que lui montrait son voisin ; mais, après s’être assuré que ce sombre médecin était réellement attentif à la scène, et que ce qu’il venait d’entendre et de dire n’avait laissé aucune trace dans son esprit :

— Cela serait curieux de voir pleurer cet homme-là, se dit Hoffmann.

— Connaissez-vous le sujet de la pièce ? reprit le docteur, après un silence de quelques minutes.

— Non, monsieur.

— Oh ! c’est très intéressant. Il y a même des situations touchantes. Un de mes amis et moi, nous avions l’autre fois les larmes aux yeux.