Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vers les vitres, qu’Hoffmann crut reconnaître pour celle de l’homme de l’avant-scène, laquelle ombre reçut la belle nymphe dans ses bras ; puis, sans qu’aucune voix eût eu besoin de désigner un but au cocher, la voiture s’éloigna au galop.

Tout ce que nous venons de raconter en quinze ou vingt lignes s’était passé aussi rapidement que l’éclair.

Hoffmann jeta une espèce de cri en voyant fuir la voiture, se détacha de la muraille, pareil à une statue qui s’élance de sa niche, et, secouant par le mouvement la neige dont il était couvert, se mit à la poursuite de la voiture.

Mais elle était emportée par deux trop puissans chevaux, pour que le jeune homme, si rapide que fût sa course irréfléchie, pût les rejoindre.

Tant qu’elle suivit le boulevard, tout alla bien ; tant qu’elle suivit même la rue de Bourbon-Villeneuve, qui venait d’être débaptisée pour prendre le nom de rue Neuve-Égalité, tout alla bien encore ; mais, arrivée à la place des Victoires, devenue la place de la Victoire Nationale, elle prit à droite, et disparut aux yeux d’Hoffmann.

N’étant plus soutenue ni par le bruit ni par la vue, la course du jeune homme faiblit ; un instant il s’arrêta au coin de la rue Neuve-Eustache, s’appuya à la muraille pour reprendre haleine, puis, ne voyant plus rien, n’entendant plus rien, il s’orienta, jugeant qu’il était temps de rentrer chez lui.

Ce ne fut pas chose facile pour Hoffmann que de se tirer de ce dédale de rues, qui forment un réseau presque inextricable de la pointe Saint-Eustache au quai de la Ferraille. Enfin, grâce aux nombreuses patrouilles qui circu-