Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/28

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— Quoi ? demandait le marquis de Ganay.

— Votre autographe.

— Et quand cela ?

— À votre mort, parbleu !

Et Pixérécourt eût tenu sa parole si le marquis de Ganay n’eût jugé à propos de survivre à Pixérécourt.

Quant au marquis de Chalabre, il n’ambitionnait qu’une chose : c’était une Bible que personne n’eût, mais aussi il l’ambitionnait ardemment. Il tourmenta tant Nodier pour que Nodier lui indiquât un exemplaire unique, que Nodier finit par faire mieux encore que ne désirait le marquis de Chalabre : il lui indiqua un exemplaire qui n’existait pas.

Aussitôt le marquis de Chalabre se mit à la recherche de cet exemplaire.

Jamais Christophe Colomb ne mit plus d’acharnement à découvrir l’Amérique. Jamais Vasco de Gama ne mit plus de persistance à retrouver l’Inde que le marquis de Chalabre à poursuivre sa Bible. Mais l’Amérique existait entre le 70e degré de latitude nord et les 53e et 54e de latitude sud. Mais l’Inde gisait véritablement en deçà et au-delà du Gange, tandis que la Bible du marquis de Chalabre n’était située sous aucune latitude, ni ne gisait ni en deçà ni au-delà de la Seine. Il en résulta que Vasco de Gama retrouva l’Inde, que Christophe Colomb découvrit l’Amérique, mais que le marquis eut beau chercher, du nord au sud, de l’orient à l’occident, il ne trouva pas sa Bible.

Plus la Bible était introuvable, plus le marquis de Chalabre mettait d’ardeur à la trouver.

Il en avait offert cinq cents francs ; il en avait offert mille francs ; il en avait offert deux mille, quatre mille,