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Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/143

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la princesse flora

rais brisé mon sabre et ma plume, je me serais sevré des chères tempêtes de l’Océan, j’aurais jeté le lingot d’or de toute ma vie dans le torrent de l’oubli, afin de pouvoir seulement vous admirer comme la création, vous entendre comme un oiseau de paradis ; afin de pouvoir être souvent à vos côtés, de respirer votre haleine, de vous adorer… Mais vous, vous ne l’eussiez point voulu…

En disant cela, Pravdine saisit la main de la princesse, dont le cœur était ému par les regards et les discours brûlants qu’elle venait d’entendre.

— Assez ! Taisez-vous, capitaine ! s’écria-t-elle. Je ne veux ni ne dois vous écouter davantage. Rappelez-vous qui je suis, ce que je suis ; en serrant ma main, vous pressez un anneau ; c’est le signe apparent de l’invisible mais indissoluble chaîne qui m’entoure… C’est ma destinée d’être toujours liée à un autre !

Pravdine lâcha avec tristesse la main de la jeune femme.

— Oh ! s’il n’y avait que le destin entre nous, j’eusse moins murmuré ; j’aurais envié, profondé-