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Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/15

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la princesse flora

Me voilà rentrée à la maison.

L’amour ! l’amour ! Pourquoi ce mot, que je veux repousser, pénètre-t-il malgré moi dans mon cœur, comme cette rose épineuse dans les tresses de mes cheveux ? Pourquoi puis-je jeter cette rose par la fenêtre, et ne puis-je pas y jeter ce mot après elle ? Pourquoi est-ce que je soupire quand j’entends ce mot amour ? Pourquoi suis-je prête à pleurer quand je pense à l’amour ?

Ô ma bonne Sophie ! joyeuse et insouciante amie de mon enfance, si tu savais de quel lourd métal se font les couronnes de noce, si tu pouvais comprendre que la boîte de Pandore, moins l’espérance, est la véritable corbeille de mariage, tu aurais pitié de moi. Combien de luxe, et combien peu de tendresse de cœur ! J’entends le pas de mon mari ; je cours à lui pleine de joie et d’ardeur, et lui m’accueille comme un précepteur accueille un enfant ; il reçoit mes caresses, mais il ne les cherche pas, mais il n’y répond pas. Je le vois seulement à l’heure des repas ; mais alors il est bien plus préoccupé de chercher des truffes que tous les regards du monde ; il ap-