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Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/171

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On représente le serpent éternel se rongeant la queue. C’est ainsi que j’eusse personnifié la colère, qui se nourrit d’elle-même et dont les extrémités se joignent.

Pravdine s’était laissé entraîner par le mécontentement hors des bornes de toute justice. Plus la colère est calme, froide d’aspect, plus elle ronge le cœur.

Pravdine s’aperçut enfin de la force du coup dont il avait frappé Flora. Elle était pâle comme la neige, des larmes mouillaient encore ses joues, mais elle ne pleurait plus ; elle n’avait pas un sanglot. Sa main gauche, crispée, était posée sur ses genoux, tandis que la droite s’appuyait sur son sein, comme pour comprimer sa respiration haletante ; ses yeux, ses lèvres semblaient adresser un reproche au Ciel.

Oh ! pervers est celui qui fait répandre à sa bien-aimée des larmes amères, qui inspire à ses lèvres le murmure contre la Providence ; mais celui qui peut contempler ce spectacle avec ironie ou indifférence, celui-là est un monstre.

Pravdine tomba aux genoux de Flora, pleura