Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/173

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dure la séparation !… Il serait moins pénible de séparer son âme de son corps que de séparer son âme d’une autre âme. Et je vivrai loin de toi ; et je n’aurai point, le soir, l’espérance de te voir le lendemain ! Je ne verrai plus ton doux regard, je n’entendrai plus ton cœur battre contre le mien ; je ne sentirai plus tes baisers : je serai seul ; et, dans cette affreuse solitude, penser que tu appartiens à un autre ! Dis-moi quel chagrin pourrait dominer celui-là, si ce n’est celui de te voir de mes yeux dans les bras de cet autre ? Adieu, adieu ! mon lot est de te fuir toujours et de t’aimer sans espoir. Âme de mon âme, tu as été la seule joie de ma vie, tu resteras mon unique chagrin, ma seule vision. Tu seras la dernière pensée de mon cœur. Oh ! je t’ai aimée, Flora ; je t’aime. Jette-moi encore un de tes regards d’autrefois, ma chérie, et je pars.

Ce rapide changement de reproche en tendresse, de colère en tristesse, stupéfia la princesse. En ébranlant son âme, les plaintes de son amant la firent fléchir. Ses larmes la subjuguèrent. Le regard de Flora brilla d’un éclat inusité ; son ravissant visage parut