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Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/204

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et celui des gens, dont nous sommes responsables.

Le capitaine n’entendit pas la fin de ce discours ; plongé dans une méditation profonde, ses regards étaient fixés sur les vagues. Quel singulier effet elles produisent sur l’imagination d’un homme ému ! Leur jeu se reflète en lui comme un miroir ; ses rêves s’ébranlent, se soulèvent, retombent, et, confondus avec la matière, ils se mêlent à cette mer, sans laisser rien qui indique la trace de leur passage. L’amour de Pravdine était aussi profond que la mer ; son cœur, après avoir été anéanti par la séparation, venait seulement de se réveiller ; il se réveillait comme l’enfant qu’une mère impitoyable a déposé en plein hiver sur le seuil d’une maison immonde, et qui fait entendre pour premier son le gémissement de la douleur.

Le souffle de la séparation, comme le destructeur Timour-Lang, ravage l’âme de l’homme doué d’imagination et de sensibilité. Pravdine avait versé son âme entière dans celle de sa bien-aimée ; il avait mêlé ses pensées à ses pensées, ses impressions à ses impressions