à elle. Leurs deux cœurs, comme ceux de ces étranges jumeaux, s’étaient soudés ensemble, et voilà que la destinée venait brusquement les séparer en les déchirant.
L’homme ainsi fait perd tout en un instant, car il a tout donné ; il ne croit pas à l’espérance, parce qu’il a trop pris au passé, parce qu’en quelques heures il a dépensé le bonheur de plusieurs années. Parfois un souvenir vient, comme un serpent, ramper sur les ruines. Ô souvenir ! quelles larmes brûlantes tu fais verser aux yeux, que de sang tu tires du cœur ! À ton appel se dresse, entre ceux qui se sont aimés, une muraille de glace qui, semblable au fanal magique, reflète le passé sous mille faces différentes. On y revoit tout ce qui vous a charmé, on entend revibrer les douces et tendres paroles ! Enchanteresse ! elle nous montre les caresses, les regards qui nous ont enivrés ; puis, lorsque notre lèvre a soif du baiser, que notre cœur se précipite vers l’autre cœur, notre main, notre lèvre, notre cœur, ne rencontrent que la glace, et la vision s’enfonce dans la froide rivière, sans laisser plus de traces que le