Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/207

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deux mots paraissent simples à prononcer ! Ouvrez un dictionnaire, et vous aurez peine à les découvrir sur la page ; dans la grammaire, rien ne les distingue des autres locutions ; mais, comme définition de pensées, comme symbole de sentiments, comme conclusion d’actions, je ne puis ni les lire ni les entendre sans que mon cœur s’émeuve de pitié. Il n’y a que Dieu qui puisse aimer sa solitude, parce que tout s’agite à ses pieds ; il n’y a que Dieu qui puisse rester seul, parce qu’il n’a point de semblable.

Les présages, les pressentiments assaillaient le cœur de Pravdine ; une violente passion nous rend superstitieux ; et à toutes ces pensées venait se joindre la jalousie, qu’aucun raisonnement ne peut dompter.

— Elle va aller à Londres et à Paris, se disait Pravdine, et qui peut me garantir qu’au milieu du tourbillon des plaisirs mondains, elle ne m’oubliera point ? Aura-t-elle la force, douée, comme elle est, d’esprit, de beauté, d’élégance, aura-t-elle la force de résister à la vanité ? Pourquoi n’ai-je pas exigé d’elle un serment de fidélité ? Oh ! que ne ferais-je pas