Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

terre. Les traits bouleversés de Pravdine semblaient l’image du remords.

— Seigneur ! s’écria-t-il enfin d’une voix troublée, ma frégate sombre… Entendez-vous le canon d’alarme ?… Encore une détonation !… encore !

La tempête paraissait enfin se lasser ; un bruit sourd s’en allait mourant dans le lointain ; la mer mugissait encore contre les rocs ; mais autour des deux amants tout était calme, si calme, qu’on entendait les battements du cœur effrayé de la princesse.

— Non, mon trésor, tu t’es trompé ; tu as entendu le tonnerre et non le canon. Il ne peut y avoir un malheureux sur terre pendant que nous sommes si heureux !

Pravdine, avec une sorte de délire frénétique, se rejeta dans les bras de Flora.

— Tu es à moi, tu es à moi, ma Flora ! que m’importe tout le reste ? Que l’humanité meure, que le globe vole en éclats, je saurai t’élever au dessus de ses débris, et mon dernier souffle s’en ira dans un baiser !… Oh ! que tes lèvres sont brûlantes et passionnées,