de perdre pour toi mon âme ? La voici réalisée. Je n’ai pas livré mon âme à l’or et aux joies fragiles ; je l’ai gardée jusqu’à ce jour pure et innocente, et maintenant je la jette à tes pieds comme un billet de banque déchiré. Ô mon adorée ! tu me coûtes cher, immensément cher ! mais je ne m’en repens pas ; s’il était un plus haut prix, je l’aurais donné !
Avec une joie convulsive, Pravdine pressa contre son sein la princesse, qui répondait à ses caresses d’un air d’effroi ; elle semblait en ce moment une péri descendue du ciel sur les genoux d’un dieu cruel… Et la passion reprit le dessus, et leurs lèvres s’unirent encore en un interminable baiser.
Les heures sonnèrent, les coqs firent entendre leurs chants du matin, et les amants étaient encore plongés dans l’enivrant oubli, lorsque, effrayante comme la trompette du jugement dernier, une voix résonna à leurs oreilles… Leurs cœurs tressaillirent… Immobile, devant eux, se tenait le prince Pierre…