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Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/23

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la princesse flora

orgueilleusement du doigt et dire : « Voilà un homme ! »

Grand de taille, bien fait, noble de tournure ; quelque chose de ravissant dans un visage irrégulier mais expressif, le distinguait de tous les autres. Ses yeux – quels yeux, chère Sophie ! – humides et bleus comme la mer qui dominait, ses yeux brillaient sous son front, dont les plis semblaient l’ondulation de la vague, qui caresse et dévore l’imprudent qui se confie à elle. Il n’y avait point dans ses mouvements cette agilité de nos jeunes gens à la mode. On pouvait même remarquer en lui quelque chose de sombre, de sauvage, qui peut-être ne venait pas de sa timidité, mais qui, en tout cas, lui allait à merveille. Il nous adressa la parole en rougissant ; il baissait les yeux sous nos regards, et, d’abord, sa voix trembla comme la corde de cuivre d’un sistre ; et voilà que notre sauvage s’enhardit, et, ayant levé enfin ses yeux pleins de flammes, il commença de nous expliquer toutes les manœuvres, la destination de chaque chose, d’une façon si charmante, si poétique, si pittoresque, que nous autres