Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/239

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marin était bouleversé par l’inquiétude que lui causait le sort de son ami.

— Enfants privilégiés de la nature, pensait Nil, vous payez bien cher votre esprit, vos délicatesses de sentiment ! Vous avez d’immenses jouissances ; mais aussi combien vos souffrances sont aiguës et variées ! votre cœur est un télescope, donnant à tout des mesures gigantesques. Oh ! quel est celui qui, contemplant Pravdine, n’eût point désiré d’être sot, suffisant, ou insensible que la pierre !…

Vers minuit, Nil-Paulovitch entra sur la pointe des pieds dans la cabine du capitaine. Sur la table voisine du lit était une lettre commencée ; il était évident que Pravdine avait écrit depuis peu de temps, car l’encre brillait encore au bout de la plume, et deux gouttes de sang paraissaient fraîchement répandues sur le papier ; quant à Pravdine, il était étendu calme et la tête complètement voilée par la couverture. La main de l’ami souleva la couverture, et son regard anxieux examina la figure du malade. Il semblait plongé dans un profond sommeil ; une