Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/241

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contemplait, à l’aide d’une lunette d’approche, la frégate dans laquelle, sans jeu de mots, était renfermée toute son espérance. Une longue observation à travers le télescope produit non seulement sur le regard, mais encore sur l’imagination une sensation étrange. La distance qui, tout en conservant le mouvement aux gens et aux choses, ne laisse arriver à nous aucun son, nous représente comme une autre sphère. Semblables à des fantômes, ils se meuvent à nos yeux ; nous voudrions saisir leurs discours, leurs pensées, nous rendre compte de chacun de leurs gestes, et plus nous regardons, plus notre curiosité s’accroît.

Vers cinq heures de l’après-midi, la princesse remarqua une plus grande agitation sur la frégate. Les matelots avaient débarrassé et orné le pont, un objet rouge fut lancé à la mer, et, aussitôt après, trois coups de canons vibrèrent !… Puis le pavillon, qui jusque-là était resté plié, flotta dans toute sa longueur… Le son du dernier coup de canon se perdit dans le lointain, la fumée se mêla aux nuages, et tout reprit son aspect primitif.